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Je ne voulais pas vous faire pleurer

L’histoire
Julie-Anne a 15 ans quand ses parents la déposent dans un hôpital psychiatrique pour adolescents. Anorexique, son poids est trop faible pour qu’elle puisse mener l’existence d’une jeune fille de son âge dans le monde extérieur. Elle doit prendre 7 kilos pour pouvoir sortir de l’hôpital et surtout, retrouver sa famille. Commence alors pour elle un long parcours, « enfermée » dans cette unité d’hôpital psychiatrique pour adolescents. Il va falloir s’y faire et malgré tout, s’y amuser. Mais elle va surtout y trouver un tout nouveau sens à sa vie grâce à des rencontres, les échanges avec sa meilleure amie, et… une passion inattendue.

Mon avis

« Ça dure combien de temps, sept kilos, madame Lepoivre ? »

C’est la couverture et le long titre qui m’ont donné envie de lire Je ne voulais pas vous faire pleurer qui ne sont pas sans rappeler un feel good book à la mode pour adultes ; mais le roman s’adresse à un lectorat bien plus jeune et va traiter d’un sujet bien moins feel good. Julie-Anne a quinze ans et elle souffre d’anorexie. Elle va être hospitalisée afin de gagner les kilos qui lui sauveront la vie. Dans cet hôpital où les cas plus où moins graves se présentent, se rencontrent, se côtoient et se soignent chacun à leur rythme, les jours n’existent plus ; le temps s’écoule en kilos et Julie-Anne doit en gagner sept pour retrouver ses parents et sa sœur. C’est à travers des échanges de SMS qui ont précédé l’hospitalisation que l’on découvre la démarche de cette dernière pour venir en aide à Julie-Anne.

C’était quand même un peu curieux de commencer une hospitalisation pour anorexie par un repas en commun.

Je ne voulais pas vous faire pleurer est un roman ultra court qui se lit rapidement parce qu’il est écrit simplement. C’est Julie-Anne qui nous raconte son combat, comme dans un journal intime. La plume de l’auteure qui a écrit son roman comme s’il était parlé a le mérite d’être très naturelle et très fluide. On tourne les pages rapidement, résolument immergé dans l’univers de la jeune narratrice.

J’ai vite compris qu’en supprimant mon corps, ses formes et ses contours, je supprimais aussi les traces de ma féminité. En plus de ça, je supprimais aussi ce qui me rendait désirable et tout ce qui faisait que, par exemple, le prof de gym me tournait autour.

Dans Je ne voulais pas vous faire pleurer, Charlotte Monnier n’a pas voulu s’encombrer de superflu. Avec une écriture sans fioriture, elle va droit au but et a visiblement voulu privilégier le fond de son récit : lever le voile sur l’internement des anorexiques en hôpital psychiatrique. Dit comme ça, le roman a l’air d’être dur et impardonnable mais ce n’est pas le cas du tout et l’auteure sait traiter le sujet sans lourdeur, ce qui est relativement appréciable !

J’étais ravie d’avoir échappé à l’obligation de m’émerveiller de l’arrivée du printemps. Il n’y a rien de pire que d’aller mal dans un environnement positif.

Julie-Anne fait de nombreuses rencontres et on apprécie, rempli de curiosité, découvrir les jeunes personnages qui vont graviter autour d’elle mais aussi les soignants, tous plus attachants les uns que les autres. A travers ses yeux, le quotidien coule de source et le combat est comme gagné d’avance. Mais ce n’est pas sans souffrance car il lui faudra trouver l’envie de se lever le matin, trouver la force d’endurer le manque que provoque l’absence de sa famille et de sa meilleure amie, et, enfin, trouver la capacité à s’adapter à la communauté mais aussi à son propre corps qui se transforme. Julie-Anne n’a aucun tabou lorsqu’elle nous parle de lui. Elle nous parle aussi des pactes conclus avec les soignants grâce auxquels la jeune fille pourra lire le courrier que sa meilleure amie lui a envoyé ; les assiettes sur la table deviennent une monnaie d’échange.

Tout était mélangé : sauce, pâtes, viande, légumes et légumes verts. Mon assiette ressemblait à un champ de bataille sur lequel je n’avais pas du tout prévu de me battre.

Ma note
J’accorde ★ ★ ★ ☆ ☆ à Je ne voulais pas vous faire pleurer. Je ne voulais pas est un roman presque trop court qui m’a un peu laissé sur ma faim à cause de son rythme ultra rapide provoqué par de grosses ellipses, par une écriture sans chichi et par l’impression parfois que certaines choses sont survolées. Je pense que c’est à cause de mon âge que j’attendais un peu plus de l’histoire de Julie-Anne mais j’ai tout de même apprécié découvrir page après page l’héroïne de l’histoire de Charlotte Monnier. L’oeuvre de l’auteure remplie de bienveillance et d’espoir a sa place toute trouvée dans les CDI et elle est avant tout un titre à remettre entre les mains des jeunes adolescents pour qui le livre sera très agréable à lire ; il conviendra aux curieux, à ceux qui se questionnent, mais surtout, aux victimes de la maladie. Je ne voulais pas vous faire pleurer, c’est un peu l’épaule sur laquelle nos ados remplis de questions et de mal-être peuvent venir pleurer afin de sentir un peu plus confiants et un peu plus légers lorsque le point final du roman pointe le bout de son nez.

A noter
Merci infiniment aux éditions Slalom de m’avoir donné accès au roman sur la plateforme NetGalley. J’avais rencontré cet ouvrage sur la toile et il me tardait de l’ouvrir pour en apprendre plus sur lui.

ISBN : 9782375542323
Lu en français.

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